dimanche 5 septembre 2010

Delhi, Agra et ses alentours


Delhi, la capitale.


Delhi, 22,4 millions d'habitants, mégalopole en plein bouleversements. A l'instar des quelques autres pôles industriels et technologiques indiens (Mumbai, Bangalore...), la capitale se modernise à grande vitesse et les repères traditionnels y sont quelques peu brouillés. Ici on raisonne davantage en terme de classe sociale et économique que de caste; la classe moyenne toujours grossissante habite les quartiers résidentiels et asphaltés du Sud de la ville et jouissent de nombreuses infrastructures auxquels la majorité indienne n'a pas accès; et les femmes citadines sont sans aucun doute davantage émancipées que dans les campagnes plus conservatrices. Il ne faut pas oublier pour autant que les écarts en milieu urbain se creusent et que près de 30% de la population vit dans des bidonvilles, dans une pauvreté extrême. Ceux qui viennent grossir cette frange pauvre de la ville sont notamment des migrants issus des Etats pauvres d'Inde et du Bangladesh, qui espèrent fuir la misère des campagnes. Mais les autorités indiennes font tout leur possible pour rendre ce phénomène invisible. A l'aube des Commonwealth Games (qui aura lieu en octobre 2010), Delhi se doit d'être une vitrine de progrès et de modernité. Un "nettoyage" de la ville s'impose donc. Au moment de notre séjour à Delhi, la ville était un chantier innommable. Actuellement, les ghettos de pauvres sont rasés, mendiants et travailleurs sans-abris sont raflés par des camions et reconduits hors de la ville ou mis dans des camps de travail. La dite "plus grande démocratie du monde" n'a pas toujours fière allure, quoique ces procédés totalitaires rappellent quelque peu certaines pratiques en cours dans notre cher pays à l'encontre de la communauté Rom.
Nous n'avons que peu de photos de Delhi, si ce n'est de la vieille ville qui demeure encore très traditionnelle. Car notre halte dans la capitale fût avant tout l'occasion de nous reposer, après les éprouvantes chaleurs de mai-juin et avant de nous immerger à nouveau au coeur de la frénésie indienne. Un gros clin d'oeil à Assia qui a su nous ouvrir à la réalité multiple de "sa" ville. Merci pour ton accueil en or!




Devant la mosquée de Jama Masjid, Old Delhi.



Ce cable électrique est à l'image du chantier de la ville. Avant les Commonwealth Games, on colmate les réseaux éléctrique et routier comme on peut.



Bus scolaires à l'indienne!



S'il y a bien une chose qui nous a impressionés en Inde comme en Asie du Sud-Est, c'est la capacité des gens à s'accomoder de l'activité et du bruit incessants des villes et de dormir à tout moment et en tout lieu.


Agra



Est-ce nécessaire de le citer? Parlons plutôt de son histoire légendaire. Acte d'amour et de folie, le Taj Mahal fut construit par l'empereur moghol Shah Jahan au 17è siècle en mémoire de sa deuxième épouse défunte, dont il était éperdument amoureux. Pour la construction de ce mausolée, l'empereur fit venir les meilleurs architectes et artisans de Perse et d’Europe. Mais d'après la légende, rien n'était assez parfait à ses yeux. Il fit donc assassiner la fiancée de l'architecte élu, afin que celui-ci ressente la douleur de perdre un être tant chéri et soit capable de concevoir un édifice à la hauteur de cet amour. Fait de marbre blanc, l'édifice reflèterait différentes couleurs tout au long du jour et de la nuit, pour rappeler la souplesse et les changements d'humeur de la femme. Peu de temps après sa construction, Shah Jahan fut cependant renversé par son fils et emprisonné au fort d'Agra d'où, le restant de sa vie, il put apercevoir sa création depuis la fenêtre. Sympa, le fils!



Taj Mahal vue du Fort rouge d'Agra. Ce que voyait quotidiennement Shah Jahan durant son emprisonnement.




Surnommé le "Baby Taj", le mausolée Itimad-Ud-Daulah (1620's) fut le premier édifice moghol entièrement fait de marbre et orné de pietra dura, de pierres semi-précieuses incrustées dans le marbre.


Comme dans toute architecture de type musulmane, cet édifice moghole ne comporte aucune décoration figurative. Les ornementations représentent exclusivement des formes géométriques et végétales d'une grande finesse.



Les peintures s'allient aux marqueteries de pierres.


Fort moghol d'Agra, fait de grès rouge. (16è siècle)


A l'intérieur, quelques édifices en marbre blanc. A droite, on voit bien le travail d'incrustation des pierres semi-précieuses dans le marbre.



Fatehpur Sikri

Pour continuer à stimuler notre imaginaire autour de l'empire moghol (qui prospéra dans le Nord de l'Inde du 16è au 18è siècle, immersion dans la cité fantôme de Fatehpur Sikri, à 40 km d'Agra. A la fin du 16è siècle, l'empereur Akbar fit construire cette ville fortifiée pour remercier les dieux de lui avoir enfin donné un fils héritier. L'absence d'eau autour de la cité rendait cependant la vie dans son enceinte impossible, et Fatehpur Sikri fut abandonnée à peine 30 ans après son édification.



L'imposante "porte de la Victoire", haute de 54m, commémore la victoire de l'empereur Akbar au Gujarat ( dans le Nord-Ouest de l'Inde).



Les fers à cheval incrustés dans la porte massive de l'entrée principale de la cité sont sensés protéger les occupants des mauvais augures.



Mariage d'architecture indo-musulmane: portiques et décors floraux musulmans, deux fleurs de lotus (en haut) hindoues.


Ville sacrée de Mathura

Toujours dans la région d'Agra (l'Uttar Pradesh), nous voici désormais dans un important site de pélerinage hindou. Attachés à cultiver une proximité avec leurs dieux, les Indiens ont plusieurs fois créé la confusion entre réalité et mythe. Ils affirment ainsi que Mathura est le lieu de naissance de Krishna, dieu hédoniste et capricieux particulièrement chéri par le peuple. De même, il est dit qu'un avatar d'Hanuman, le dieu-singe, serait encore parmi nous à l'heure actuelle, vivant comme un mortel. Quand on voit sa gueule atypique, on se dit qu'il a du redoubler de ruse pour passer incognito, le malin!


Barbier de rue.



L'héritage architectural et culturel musulman n'est pas loin...



Mosquée de Mathura.



Mendiants à l'entrée d'un temple caverneux où les singes sont devenus rois...

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