lundi 10 mai 2010

La Thailande

Avant de quitter définitivement le Sud-Est asiatique, nous ne pouvions nous détourner de la Thaïlande. C’est un pays qui conserve une culture asiatique et bouddhique encore vivace. Mais alors qu’il est le seul de la région à ne pas avoir été colonisé, c'est paradoxalement celui qui a été le plus influencé par la civilisation occidentale. Depuis le début du XXè siècle, les dirigeants thaïlandais ont en effet voué une réelle admiration pour l’Occident, et ont ainsi développé des liens étroits avec lui. Cette influence se traduit aujourd’hui autant dans les pratiques quotidiennes des Thaïlandais qu'au niveau économique et institutionnel. Toutefois, une culture proprement asiatique et thaïlandaise persiste et fait aussi la spécificité de ce pays: une ferveur bouddhiste mêlé à un ensemble de superstitutions, un attachement quasi inconditionnel au roi octogénaire Bhumibol, une riche composition ethnique…
Au-delà des fantasmes de plages idylliques, des moines en toge orange et de minorités ethniques aux couleurs chatoyantes, la réalité thaïlandaise c'est aussi la sujétion du pays à l'impérialisme capitaliste américain. S'il en résulte des progrès économiques et sociaux indéniables, cette sujétion a aussi apporté son lot d'effets pervers, la prostitution n'étant que le visage emblématique d'une réalité sociale ultra-inégalitaire.
La mobilisation des "chemises rouges" à laquelle nous avons eu l'occasion de prendre part à Bangkok, incarne d'ailleurs bien les tensions que traverse actuellement la société thaïlandaise. Après des décennies de corruption, d'instabilité politique et au crépuscule de la vie du monarque Bhumibol qui jusque-là avait su contenir une société prête à exploser, on peut sérieusement se questionner sur l'avenir du pays.




Comme l'indique le parcours "remarquablement" tracé par Thibaut, nous avons choisi de commencer par le Nord-Est de la Thaïlande, dont l'histoire permet de mieux comprendre les diversités culturelles de ce pays, à la croisée des cultures siamoise, laotienne et khmère. Ensuite, nous nous sommes laissés séduire par les îles du Sud-Est pendant trois semaines, profitant d'une nature généreuse et de rencontres avec d'autres voyageurs. Finalement notre curiosité et l'envie d'aller plus au coeur de la culture thaïlandaise nous a vite rattrapé. Nous avons donc consacré le dernier mois pour nous imprégner de Bangkok et nous rendre ensuite dans les régions montagneuses du Nord, que nous avons traversées à moto.





Nord-Est: la région méconnue de l'Isan

Cette grande région se distingue par une identité régionale forte, par une culture qui s'avère plus proche des traditions laotiennes que thaïlandaises et reflète de nombreuses influences khmères et vietnamiennes. Le revenu par habitant représente moins d'un tiers de la moyenne nationale et fait de l'Isan la région la plus pauvre de Thaïlande. Pas étonnant que ce soit historiquement un gros foyer communiste. Nous avons en tout cas énormément apprécié le contact avec ses habitants.


Sala Kaew Ku est un parc insolite composé de gigantesques statues en ciment parfois surréalistes. Imaginées à la fin du XXe siècle par Luang Poo, un artiste fantasque, ces sculptures font référence à l'iconographie hindoue et bouddhiste. On retrouve notamment de nombreuses représentations de Bouddha, Shiva et Vishnu.



Au fond à gauche, derrière le Bouddha couché, trône sur un naga enroulé et dressant ses sept têtes un Bouddha cette fois assis. Dans la mythologie hindoue, les nagas sont des serpents qui habitent le monde souterrain et gardent jalousement les trésors de la terre. Ces créatures fabuleuses sont considérées comme protectrices. Le boudhisme (qui est issu de l'hindouisme) s'est réapproprié cet animal pour l'intégrer à la légende de Bouddha. Ainsi, le roi des nagas (à sept têtes) aurait surgi des racines de l'arbre sous lequel Bouddha méditait, afin de le protéger d'une montée des eaux. Il s'enroula en sept anneaux et déploya ses sept têtes pour l'abriter. C'est cette scène qui est représentée par cette sculpture.



Avatar de Shiva, l'un des dieux membres de la trinité hindoue. Dieu au pouvoir de destruction et de création, il est identifiable par un certain nombre d'attributs, notamment un chignon, et dans ses mains le plus souvent un trident, une flamme, une conque et un tambour (qui rythme la création).



Banian le plus ancien et le plus grand de la Thaïlande. Si si, il s'agit bien d'un seul et même arbre (sacré pour les thaïlandais), dont les branches forment comme une multitude de piliers. Il est situé à l'Est de la ville de Phimai.


Prasat Phimai, temple angkorien qui nous rappelle que cette région faisait autrefois partie du royaume khmer, avant de tomber inexorablement dans le giron de la Thaïlande. Ce temple hindou-bouddhique datant du Xe siècle, trône au centre de la vieille cité de Phimai.


La propagande thaïe tente aujourd'hui de réécrire l'Histoire en intégrant l'époque angkorienne dans le "glorieux" passé de la Thaïlande. Les visites scolaires sont donc un excellent moyen pour le gouvernement de distiller ce mensonge dans la tête de leurs progénitures.


Ces trous hébergeaient auparavant des sulptures sacrées faisant l'objet de nombreuses dévotions. Aujourd'hui encore, les thaïlandais viennent formuler des voeux de fortune avant d'y jeter une pièce.






Prasat Meuang Tam, autre temple angkorien.



Un jour, nous avons fait une halte-déjeûner chez un drôle de personnage qui utilisait les moyens du bord pour se confectionner tout un tas de choses. De l'altère en bois...



...à la chaise longue en pneu recyclé.



Parc National de Khao Yai

Toujours dans l'Isan, nous nous sommes coupés de la civilisation durant 4 jours pour jouir de la nature indomptée d'une des plus vastes forêts du continent asiatique. A notre arrivée au crépuscule du premier jour, plein de belles bestioles nous ont souhaité la bienvenue. D'abord un cobra que nous avons frôlé sur la route et qui a soudainement gonflé son torse, prêt à injecter son venin dans l'un de nos apétissants mollets, puis le leader d'une tribu de singes qui, lorsqu'attendrie j'ai voulu m'approcher de sa petite famille, s'est mis à nous montrer ses plus belles incisives et à nous courser! Heureusement Thibaut était au volant de la moto à chacune de ces adorables rencontres, donc nous avons pu fuir, lamentablement et en vitesse!



Cascade devenue populaire après avoir figuré dans le film de Danny Boyle "La Plage" (d'où sautent les trois compagnons pour rejoindre la communauté).



C'était aussi l'occasion de faire de belles randonnées dans la jungle (les seuls tigres de la réserve naturelle résidaient dans la partie éloignée des pistes, donc ces traversées n'avaient rien de téméraire).






Plutôt stylée, l'araignée!



Pendant ces quatre jours, nous avons croisé le chemin de nombreux éléphants sauvages. Ils se repaissent parfois le long des pistes, et semblent peu s'embarasser des drôles de bipèdes qui passent à côté d'eux. Nous en revanche, redoutant qu'il nous charge, tâchions de ne pas nous faire remarquer.



Moment de tendresse entre deux amants.



Au point culminant de notre randonnée, une falaise. Le vide. Et une vue impressionante et vertigineuse sur la jungle impénétrable.



Sur le site de campement, un homme initie des jeunes à la musique sur verre de cristal. Selon le volume d'eau contenu dans chaque verre, le son émis est différent. Et c'est à l'écoute de telles sonorités qu'on comprends l'usage du terme "cristallin" pour qualifier une voix pure.



Si vous zoomez la photo, vous distinguerez mieux l'interminable couloir de chauve-souris qui traverse ce ciel. C'est à la tombée de la nuit que ces millions de "chauve-souris vampires" s'échappent de leur grotte pour se nourrir. Quelques secondes avant son apparition, et jusqu'à ce qu'il disparaisse de notre vue, ce cortège produit un vrombissement assourdissant. Un spectacle surprenant.



Près de Khorat (Nakhon Ratchasima), point de départ et d'arrivée de notre boucle dans le Nord-Est Thaïlande.



Les îles du Sud-Est

C'est sur les îles de Koh Phangan et Koh Tao, l'une connue pour ses fêtes, l'autre pour ses beaux sites de plongée, que nous avons posé notre sac durant trois semaines. Nous n'avions au départ aucunement l'intention de rester si longtemps, mais la temporalité et les charmes insulaires nous ont finalement happés.



Koh Phangan





Koh Phangan est aussi un point de rendez-vous pour de nombreux étrangers en quête de fête et de musique, car dès que le calendrier lunaire le permet, des fêtes sont traditionnellement organisées sur la plage ou dans la jungle: "Blue Moon Party", "Shive Moon Party","Half Moon Party", "Black Moon Party"... Bref, une fête chaque soir, pour ceux qui en ont le courage. Ce soir-ci, c'est la plus célèbre des soirées, la "Full Moon Party" qui réunissait environ 20 000 personnes sur le sable.



Mais en réalité, il est facile de s'éloigner de ces endroits tant convoités par les jeunes fêtards, car l'île regorge de nombreux coins paisibles et peu fréquentés.






Hormis les plages et les quelques coins qui s'urbanisent (malheureusement) progressivement, les îles de Koh Phangan et Koh Tao ne sont que relief et forêts denses. N'étant pas partisans du farniente, nous avons donc préféré découvrir les recoins de ces îles, qui offraient de chouettes ballades dans la jungle.






Cette plage, appelée "Bottle beach", n'est accessible qu'en bateau ou à pied, en empruntant un chemin qui coupe à travers la jungle, avec pour seules balises, quelques bouteilles suspendues ça-et-là aux arbres. Lorsqu'on est enfin arrivés à destination, on a immédiatement été récompensés de nos efforts.



Koh Tao


Koh Tao est connue comme le spot de plongée le moins cher au monde. Pourtant, ses fonds marins avaient de quoi nous émerveiller. Thibaut et moi avons eu la chance de faire une formation de plongée ensemble, au terme de laquelle nous pouvons désormais plonger n'importe où à travers le monde jusqu'à 30 mètres de profondeur. De cette expérience, nous avons retenu en particulier la plongée en eaux profondes, mais aussi et surtout la plongée nocturne, qui nous a vraiment marqué. Le bateau ayant posé l'ancre au large, nous étions seuls au milieu de l'océan. Un superbe ciel étoilé au-dessus de nos têtes, un grand trou noir en-dessous grouillant de vie. Autant dire que nous avions quelques appréhensions avant de plonger. Elles se sont toutefois levées dès notre immersion, tant l'eau chaude qui nous enveloppait, le silence et l'obscurité (au-delà des quelques mètres qu'éclairait notre lampe torche), provoquaient en nous un sentiment de plénitude. Les sens sont alors en plein éveil. La nuit permet d'observer une faune et une flore incroyablement riches et invisibles de jour. Nous avons notamment vu des baracoudas en chasse, des raies bleues violacées à pois jaunes, un vieux mehru long de 1 mètre tout droit sorti de la préhistoire, ou encore des coraux aux formes et aux couleurs psychédéliques... Inoubliable.


Tanote beach, l'un des spots de snorkelling (plongée avec tuba) de Koh Tao. Lorsque nous ne plongions pas en bouteille, c'est avec un tuba que nous faisions la découverte des fonds marins alentours. L'île compte en effet de nombreux récifs de corail facilement accessibles à la nage. Notre seul regret, celui de ne pas avoir réussi à approcher les requins, pourtant nombreux au Sud de l'île. Notre tentative n'avait rien d'une bravoure car les requins de la régions sont connus pour être innoffensifs. Mais ils ressemblent énormément aux requins gris. Il s'agissait donc d'aller au-delà de l'imaginaire entretenu autour de ces bestioles. Décidés à dominer nos peurs (enfin...surtout les miennes), on a tenté le coup, complètement flippés et prêts à déguerpir en vitesse, mais ils n'étaient pas au rendez-vous ce jour-ci.









A la fenêtre du bus qui nous ramenait à Bangkok.



Bangkok

Nous avons passé une dizaine de jours dans la capitale car il nous a semblé que nous passerions à côté du pays si nous ne prenions pas en compte la réalité urbaine, à bien des égards plus proche de la nôtre que de celle des ruraux thaïs. De plus, les turbulences politiques dont la ville est le théâtre depuis Mars, méritaient qu'on s'y attarde un peu...



Festival de Songkran. A la mi-avril, le nouvel An thaïlandais génère l'enthousiasme de toute la population ainsi qu'une véritable cacophonie. L'équipement de rigueur pour un tel événement? Un pistolet à eau dernier cri, une bonne réserve d'eau et de la farine prête à être étalée sur la gueule du passant. Durant trois jours où nous étions présents à Bangkok, nous avons assisté à des batailles incessantes dans toutes les rues de la ville.



Personne n'y échappe. Il y a toujours quelqu'un prêt à surgir de nulle part pour vous arroser et vous barbouiller de blanc.



Ici ce sont des gamins, mais peu importe l'âge, les Thaïlandais sont friands de ces petits jeux.



Ko Ratanakosin. Ce site renferme le Grand palais royal et le temple sacré Wat Phra Kaew (ci-dessus) hébergeant un Bouddha d'émeraude. C'est donc un haut lieu de pélerinage pour les fidèles bouddhistes et royalistes.



Hormis certains monuments, comme ce stupa, nous avons trouvé que l'ensemble des édifices architecturaux du site était plutôt clinquant et pas des plus raffinés.



Travail de reproduction.



Sur les murailles intérieures de l'enceinte courent des fresques relatant la version thaïlandaise de l'épopée indienne Ramayana. L'art religieux thaïlandais reflète les héritages passés, notamment celui de l'époque où le territoire comptait des empires indianisés.



Quartier royal.



Petit tour du côté des "Chemises rouges"...


A côté de ces murs fastueux, une partie du peuple essaie de faire entendre ses revendications. Les "Chemises rouges" manifestent et occupent les rues de Bangkok depuis plus de deux mois. Ils réclament la démission du gouvernement et la dissolution du Parlement (démocratiquement illégitimes), ainsi que le retour dans le pays de l'ex-premier ministre en exil, Thaksin Shinawatra, évincé du pouvoir en septembre 2006, à la suite d'un coup d'Etat militaire et des scandales de corruption qui lui étaient imputés.



Les populations rurales relativement pauvres (principalement du Nord-Est), laissées pour compte du développement économique thaïlandais, composent la grande majorité des protestants. Si le mouvement prend parfois des allures de lutte entre masse rurale et élite urbaine, tous réclament davantage de représentation des classes populaires.



Lors de la première mobilisation à laquelle nous avons participé, nous avons été surpris par l'ambiance joviale qui régnait dans les rangs du cortège. C'était au mois de Mars, au début du mouvement. Les gens étaient déjà nombreux et squattaient une zone symbolique puisque le coeur de l'occupation était le "Monument de la Démocratie".



Venus de loin, des montagnes du Nord plus exactement, quelques représentants des minorités ethniques exercent aussi leur droit d'expression et de contestation.



En Thaïlande comme partout ailleurs en Asie, la tête est la partie la plus noble du corps humain. Il n'y a donc pas plus méprisant ni plus symbolique que de mettre les dirigeants à terre et piétiner leur visage avec les pieds (partie inversement la plus "impure").


Ils recourent aussi aux bons vieux moyens satiriques. Je me demande si on ne serait pas coffrés en France, si on exhibait ainsi un petit bonhomme en talonettes se masturbant avec des attributs féminins.



Au moment fort d'une journée de mobilisation à laquelle nous avons pris part, les protestants ont collecté plusieurs dizaines de litres de sang auprès de leurs camarades, pour aller les déverser symboliquement devant le ministère ,où était réfugié l'actuel premier Ministre, Abisit Vejjajiva...



...Un militant m'explique que ce sang "est celui du peuple", et qu'à travers ce geste symbolique, les rouges souhaitent rappeler que "le pays et son avenir appartiennent au peuple". C'est aussi une métaphore de la violence indirecte exercée par les dirigeants sur la population






Trois semaines plus tard, de retour à Bangkok après les îles... la ténacité des militants n'a pas faibli. Et pourtant, elle fut mise à l'épreuve le 12 avril, lors d'un affrontement avec les militaires qui a causé la mort de 21 personnes.



Après ce drame, les choses ont vraiment chauffé et ça a fini par la réquisition de chars par la foule, et la fuite des militaires. Quelques jours plus tard, les chars étaient toujours là, trophées de guerre des chemises rouges. Ils avaient tous été désossés et pas loin, des autels religieux avaient été placés là ou les victimes furent abattues. Pour ne pas oublier.



Dans les zones de Bangkok assiégées par les Rouges, médicaments et soins sont fournis gratuitement. Nous étions admiratifs de l'organisation du mouvement, de la capacité d'autogestion des groupes venus de toutes les campagnes. Cependant, lorsqu'on gratte un peu le vernis, les choses apparaissent moins enchanteresses et plus complexes qu'une simple et authentique lutte pour des droits et des libertés. Les dessous de cette mobilisation populaire durable, c'est le financement direct des protestants par Thaksin. En échange de leur présence dans la capitale, le paysan ou modeste ouvrier peut en effet recevoir un "dédomagement" financier plutôt alléchant. Des repas gratuits et soins médicaux sont également assurés au quotidien. On ne peut donc pas parler d'élan insurrectionnel purement spontané. En réalité, que ce soient les "jaunes" (pro-gouvernement) ou les "chemises rouges", la population fait l'objet d'une manipulation de la part des élites politique et économique. Prenons Thaksin: ancien 1er ministre soutenu par les chemises rouges, ce milliardaire populiste s'est stratégiquement tourné vers les classes pauvres issues des campagnes pour grossir son éléctorat. Il faut reconnaître qu'il a mis en places des réformes sociales concrètes, notamment l'ouverture d'un système de santé gratuite et un système d'aide aux agriculteurs. Alors... est-ce pour autant un milliardaire justicier des pauvres? Difficile d'y croire. Il demeure avant tout un homme d'affaire. Alors qu'il était au pouvoir, il a notamment privatisé plusieurs entreprises publiques à son profit. Corruption et clientélisme semblent gangréner les classes dirigeantes thaïlandaises, d'un côté comme de l'autre. Et ça fait mal de voir tous ces gens portés par des convictions, certains d'agir dans leur intérêt et dans celui du peuple, oeuvrer pour finalement placer un autre assoifé de pouvoir et de richesse sur le trône. Il nous est toutefois apparu que, malgré le cynisme avec lequel cette lutte s'engage, la situation économique et sociale du pays méritait un changement. Depuis plus de 50 ans, les Thaîlandais sont en effet dirigés par une bureaucratie militaire et un pouvoir financier puissant qui se soucient peu du sort des classes défavorisées.



Quartier de Siam Paragon, gros centre commercial et d'affaire de la capitale et deuxième siège des chemises rouges. Objectif: stopper l'activité commerciale du pays pour faire avancer les négociations.



Lorsque nous partons de Thaïlande, la situation n'a pas évolué. Le gouvernement toujours ferme fait face à un rassemblement qui ne faiblit pas. Nous ne pouvons que redouter les événements à venir, une nouvelle vague de violence semblant inévitable...

Mais quelque soit son issue, quelques soient les manipulations qui s'y jouent, ce qui se passe au coeur du mouvement demeure intéressant: plus le temps passe, plus l'élan populaire va bien au-delà d'une lutte "pro-Thaksin/1er ministre en place". On observe toute une frange de contestataires qui commence à prendre ses distances à l'égard du leadership pseudo-alternatif du milliardaire et formule des critiques nouvelles, marxisantes de la société thaïlandaise. Ce qui est sûr, c'est que durant plus de deux mois de siège aux allures auto-gestionnaires, des milliers de consciences politiques émergent, et des moyens de s'organiser collectivement se développent et s'affirment. Autant de ressources contestataires déterminantes pour les projets et luttes à venir...



En dehors des quartiers occupés par les Chemises rouges, on a l'impression que rien ne vient perturber le quotidien des urbains de Bangkok. On voit ici une femme se recueillir aux pieds de Bouddha... La culture thaïlandaise est profondément ancrée dans le bouddhisme Theravada, religion qui semble s'être parfaitement adaptée aux évolutions structurelles du pays et a ainsi su conserver une place centrale dans la vie des Thaïlandais.



Dans le quartier chinois...



...qui contraste avec celui de Siam Paragon, un gigantesque complexe commercial, une sorte de quartier du luxe au coeur de Bangkok. L'ambition de ses promoteurs était de concurrencer Singapour sur la scène asiatique.



Le Karaoké semble avoir aussi sa place dans la culture thaïlandaise. Main sur l'épaule, chanson romantique, et le tour est joué.



Une caverne d'Ali Baba pour les amateurs d'électronique.



Ce gamin qui mendie nous rappelle que non loin de ces temples consuméristes, des tas de familles s'entassent dans les dizaines de bidonvilles que recense la capitale.






Quartier de prostitution de Bangkok. Nous ne voulions pas basculer dans le voyeurisme mais nous rendre compte malgré tout de cette facette moins glorieuse de la Thaïlande. Préparés à un triste et révoltant tableau, nous avons finalement constaté que la mauvaise réputation que traîne Bangkok depuis des années a incité les autorités à mieux encadrer ce traffic sexuel et, tout du moins, à en dissimuler les aspects plus sordides.


Rue des prostitués gays de Bangkok.


Le Nord-Ouest



En route vers le Nord, nous faisons une halte à Mae Sot, ville frontalière avec la Birmanie où des milliers de réfugiés birmans ont trouvé refuge, dans des habitations de fortune. Actuellement, ils sont plusieurs centaines de milliers a avoir fui en Thaïlande.


Chiang Mai

Réputée capitale culturelle de la Thaïlande, Chiang Mai doit sa notoriété et son importance historique à sa situation stratégique près de la route de la soie. Sa richesse culturelle transparaît notamment dans l'artisanat (argent, bois, céramique) et ses anciens temples bouddhiques. Sa localisation au centre du Nord Thaïlande en fait également un bon point de départ pour découvrir les régions alentours.



Pad Thai, plat traditionnel composé de pâtes de riz sautées avec des oeufs, des pousses de soja et du tofu.



L'influence japonaise n'est pas loin!



Certains nouveaux riches thaïlandais raffolent de ces joujoux pour caniche.



A l'intérieur du temple Wat Phra Singh (XIVe siècle), entièrement construit en bois. Ce jeune répartit les dons de la journée en versant quelques pièces dans les auboles des moines.







Gong.



Muay Thaï, boxe thaïlandaise et sport national. Ce gamin de 8 ans se prépare pour son premier combat. Peu confiant, il sera mis KO en moins d'un round. Derrière lui, les musiciens sont là pour rythmer le combat.



Chaque combat est introduit par une danse rituelle durant laquelle les boxeurs se mettent en condition et paradent pour convaincre les spectateurs de parier leur victoire avec une coquette somme. Car la boxe thaï, c'est aussi un jeu d'argent.





Boucle dans la région de Mae Hong Son...


Accessible par les routes de montagnes très sinueuses, la province de Mae Hong Son est la plus lointaine de Thaïlande. Ses montagnes hébergent de nombreuses minorités ethniques, notamment Chan et Karen, ayant fui le régime militaire birman.



Village traditionnel chinois, à quelques km de Pai.



Cette femme de 50 ans haute perchée ne semble pas se lasser du manège du village.



Grottes de Tham Lot, un réseau s'étirant sur 1600 mètres et traversé par un large cours d'eau.



Sur plus de 2h, nous avancions à tâtons dans cette grotte aux voutes immenses éclairées par notre seule lampe à huile. Ce qui donnait à cette visite un caractère spécial puisque chaque relief, chaque pierre nouvelle se dévoilaient à mesure de notre avancée.






C'est sur une barque de bambou que nous finissons la découverte des grottes.



Rencontre avec une famille d'un village Karen. Les Karen représentent le plus grand groupe des minorités ethniques en Thaïlande. Ce peuple vit plutôt dans les vallées.



Me voyant intriguée par leur maîtrise du métier à tisser, l'une des femmes m'apporte une de ses robes qu'elle a elle-même confectionnée. Ce n'est qu'un peu plus tard que j'appris que seules les femmes célibataires portent le blanc, ce qui, aux yeux des Karen, faisait de moi une fille à marier!







Village Chan de Mae La Na.
Les minorités ethniques de Thaïlande, que l'on retrouve parfois dans les pays limitrophes, possèdent une culture qui leur est propre. Ce sont en majorité des peuples d'origines semi-nomade venus du Tibet, du Myanmar, de Chine et du Laos qui ont dû fuir l'oppression au cours des deux derniers siècles et ont trouvé asile en Thaïlande.












Ces fleurs offraient une senteur enivrante.


Colonie de vacances un peu spéciale pour ces jeunes écoliers. Le temps du nouvel An thaïlandais, certains parents confient leur progéniture aux moines pour les initier à la vie et la philosophie monacale. C'est dans ces centres que certaines vocations naissent.



Au Nord de Mae Hong Son, à la frontière du Myanmar, Mae Aw est un avant-poste chinois dont les membres cultivent voire folklorisent leur spécificité culturelle.



Echoppe de thé construite en torchis, commes toutes les batisses de cette ville.



Les habitants de Mae Aw vivent principalement de la production du thé, dont les plantations à flan de montagne encerclent la ville.






Mae Hong Son. Au coeur de la ville, ce temple vieux de 200 ans fut construit par le peuple Chan, qui représente près de 50% de la population de la province de Mae Hong Son.



Du lac de Mae Hong Son, vue sur les montagnes qui entourent la vallée.



Durant notre traversée de la région, nous avons été témoin d'un désolant spectacle: la déforestation à outrance, nécessaire pour cultiver de nouvelles terres, mais qui ampute sévèrement la riche biosphère du lieu.


Boucle dans la région de Chang Rai



Femme Lahu, minorité tibéto-birmane. Ce peuple vit en altitude, dans les zones isolées des provinces que nous avons traversées.



Femmes Akha, tibéto-birmanes. Les Akha figurent parmi les minorités ethniques les plus pauvres de la Thaïlande. Ils sont réputés pour être des paysans spécialisés (notamment dans la culture de l'opium), mais sont souvent chassés des terres arables par le gouvernement.







Dans le parc national de Doi Suthep, véritable jardin d'Eden de la Thaïlande avec des arbres à litchies, des orangers, des fraisiers, etc. Ce généreux agriculteur rencontré sur son exploitation nous a fait don de 2 bons kilos de litchi.



Cette femme akha, qui connaît par coeur les montagnes alentours, nous indique le chemin.







Mae Salong. Cette ville et région montagneuse longtemps enclavée, permit aux habitants yunnanais d'ignorer longtemps la volonté des autorités thaïlandaises d'éradiquer le trafic d'opium et de contrôler la région. Depuis, le gouvernement a essayé d'introduire des cultures de substitution (thé, café, maïs et arbres fruitiers). Le dialect yunnannais demeure aujourd'hui la langue dominante de Mae Salong. Aux alentours, on rencontre aussi des Chan, Akka, Lisu et Hmongs.



Moins de 5% de la population thaïlandaise est musulmane. Nous avons rencontré cet enseignant musulman à Ban Thoet Thai, non loin de Mae Salong. Il était en pélerinage itinérant à travers le nord du pays, en compagnie d'autres hommes, et nous a longuement parlé de sa ferveur religieuse.



Confection de patisserie chinoise, au goût étonnamment proche du pain d'épice.



Nous nous sommes rendus dans un village Akka à 1km de Mae Salong, pour passer un peu de temps avec les enfants.



Dans ce même village, on reconnaît la femme Akka à sa coiffe ornée de perles et de pendentifs en argent.



Pendant que les parents sont dans les champs, les enfants non scolarisés s'occupent sur la place du village, ou bien dans cette pièce de vie où chacun s'exprime à sa façon. Dessin, musique, ...un environnement qui nous a semblé plutôt effervescent.



Sop Ruak, auto-proclamée capitale du Triangle d'or, est situé au croisement de trois pays, séparés par des fleuves. La Thailande (au tout premier plan), la Birmanie (langue de terre au milieu), et le Laos (au fond).



Au sommet du Doi Pha Tang. La boucle que nous avons faite à moto suit des montagnes abruptes qui dessinent la frontière thaïlando-laotienne.



Mont Phu Chi Fa, vue sur les chaînes de montagnes laotiennes.



Wouhou! Même pas peur!



Comme dans les autres pays sud-est asiatiques, les thaïlandais recourent souvent à la voyance.



Le roi Bhumibol est partout présent dans le quotidien des Thaïlandais. Il n'y a pas une rue, un commerce, un foyer où on ne voit pas son image exhibée. Passé ses 80 ans, il est le seul et unique roi que les gens aient connu, même parmi les anciennes générations. Il est la seule figure stable dans un régime d'instabilité gouvernementale permanente. C'est un homme contreversé du fait du rôle qu'il joue au niveau politique, mais aussi très aimé des Thaïlandais. Il est par conséquent le seul référent actuel qui parvienne à temporiser le climat social. Sa disparition imminente laisse présager des perturbations sociales et politiques particulièrement fortes.



Ayutthaya

La cité d'Ayutthaya, à 80 km au Nord de Bangkok, abrite encore les ruines de l'ancien royaume Thaï du même nom, qui se développa entre le 14 et 18è siècle. Aujourd'hui classé au patrimoine mondial de l'Unesco.



Au temple Wat Mahatat, cette tête de bouddha abandonnée sur le site depuis la chute de l'empire, est aujourd'hui envahie par les racines d'un figuier.



Reliques de Bouddha. Tous les thaïlandais ont un petit Bouddha sur eux qui les protège.



Ces thaïlandais venus en pélerinage à Ayutthaya, écoutent en silence le moine prêcher.



Sur le site d'Ayutthaya.



Feuilles d'or déposées sur grand Bouddha.



Lokkayasutha, Bouddha couché longe de 29m.



Chedi (ou Stupa, monument religieux bouddhiste de frome cônique) du Wat Phra Sisanphet.



L'art de la composition kitsch... quelle photographe hors-pair je fais!