dimanche 22 août 2010

L'Orissa

Après plusieurs semaines à Calcutta, nous voilà en Orissa pour explorer une Inde plus rurale. Une Inde où la beauté des terres et de ses habitants vous saisissent, mais qui dissimule mal la grande pauvreté et les nombreux défis (notamment climatiques) auxquels la population majoritairement agricole est exposée. Une Inde aussi dont les vestiges architecturaux et la ferveur de son peuple vous immergent dans une civilisation hindoue qui stimule l’imaginaire. C’est notamment sur ces terres que se trouve le « Temple du Soleil », l’un des rares édifices du pays dont les sculptures érotiques apparentées au Kama Sutra n’ont pas été détruites lors de l’invasion moghole. S'y trouve aussi l’un des temples les plus vénérés d’Inde, le Sri Jagannath temple, auquel tout hindou désireux d'accroître son mérite spirituel (ou Karma) doit se rendre. Nous y étions pendant les préparatifs de l'important "Festival des Chars" en Juillet et pouvions déjà sentir la frénésie à venir. Non loin, nous avons découvert de fascinants « villages d’artistes » dont les familles forment une caste à part entière et perpétuent des pratiques ancestrales (danse, peinture, gravure, …) traditionnellement vouées à servir la religion et la noblesse. Nous regrettons seulement de ne pas avoir pu nous rendre dans les territoires contrôlés et difficilement accessibles des Adivasis, peuples tribaux représentent 25% de la population de l'Orissa. Malgré leur ancienneté sur ces terres, ceux-ci occupent un statut hors-caste peu enviable, et souffrent d'une politique indienne d'assimilation peu scrupuleuse.



Puri, l'une des quatre villes les plus sacrées d'Inde, héberge le temple sacré Sri Jagannath, vieux de 9 siècle et dédié au dieu Vishnu.



Temple Sri Jagannath, interdit aux non-hindous. L’activité religieuse y est incessante. Pour l’anecdote, les fours de la cuisine du temple destinés à nourrir les foules de pélerins, n’ont jamais été éteints depuis le XIIè siècle.



Dans la rue du temple, préparation du célèbre "festival des Chars" (Ratha Yatra) qui a lieu chaque juillet à Puri. Ici, les hommes confectionnent des chars géants qui transporteront les divinités à travers les rues de la ville.



Ces drôles de personnages attachants au regard un peu fou sont typiques de l'Orissa (il y aurait presque un petit air de South Park!). Il s'agit en fait des trois puissants dieux hindous qui trônent chaque année sur les chars du festival: Vishnu et Shiva (à gauche et à droite, dieux de la trinité hindoue) et Parvati, la femme de Shiva (au centre).



Du côté de la campagne...


Lendemain de mariage, les restes de nombreux rituels. On aperçoit notamment un yantra (au centre), une figure géométrique faite de sable coloré, censée héberger une divinité le temps du rituel de méditation.



Lorsqu'on traverse les villages, on s'aperçoit vite que l'espace public est l'exclusivité des hommes, qui apprécient se réunir sur la place du village ou à l'ombre d'un grand arbre. Dans ces moments-là, on aimerait comprendre leur langage pour savoir ce qui se dit!



Les femmes, quant à elles, sont plus souvent à la maison ou dans les champs, et le contact est a priori moins évident. C'est généralement moi, en tant que femme, qui vais à leur rencontre pour tenter de lever leurs premières réserves. Ensuite, Thibaut peut entrer en scène...



Non loin, un village de caste inférieure qu'on reconnaît aux habitations plus modestes (faites essentiellement de pailles). Le système de caste est aboli en Inde depuis les années 50, pourtant les traditions sont à bien des égards tenaces, surtout en campagne.



Dans les régions rurales traditionnelles, il est encore fréquent que les familles se regroupent en fonction de leur appartenance à une caste particulière qui détermine un certain nombre de règles à suivre. Les mariages inter-castes sont par exemple quasi inexistants.



Encore un autre village, de plus haute caste cette fois-ci.



Place centrale du village. Le jeune garçon au premier plan a la crâne rasé et n'a plus qu'une mèche de cheveu. Cela signifie qu'il est en deuil, que l'un de ses parents est récemment décédé.



Un temple perdu dans le désert.




Situé sur le littoral, le "Temple du Soleil" de Konârak (Surya temple) date du XIIIè siècle et est l'un des édifices majeurs de l'Orissa.


Le temple a des allures baroques avec ses innombrables sculptures qui couvrent la totalité de ses façades. Le socle du temple principal figure un chariot monté sur 24 roues.



De nombreuses scènes de la vie quotidienne y sont représentées, notamment des séquences explicites d'érotisme.



Quelqu'un d'envieux a dû s'accaparer le généreux attribut de cet homme. Elle en est restée bouche bée.






Juste à côté de cet temple médiéval, un village de pêcheurs (Chandrabhaga) hors du temps, où des familles sont sédentarisées à même le sable depuis des générations, dans des abris de fortunes.


Place du village des pêcheurs, où trône le dieu Hanuman (grand guerrier, roi des singes, symbole de courage et de puissance).



Contrairement aux autres, cette famille s'enorgueillit d'une maison en ciment. Sans doute le dessin au sol à l'entrée de la maison y est-il pour quelque chose. Il s'agit d'un Koram, un dessin géométrique plus ou moins élaboré, effectué par les femmes du foyer en l'honneur de la déesse Lakshmî qui est invitée à apporter chance et prospérité à la famille.






Plus loin dans notre traversée de la région, nous nous arrêtons dans un village nettement plus prospère. La caste des brahmanes (traditionnellement les prêtres et enseignants, situés au plus haut de la hiérarchie hindoue et considérés comme les plus purs) y est majoritaire, notamment en raison de la présence de temples importants.



Bubaneswar, capitale de l'Orissa et cité vieille de 2000 ans. Aujourd'hui très modernisée, la ville comprend encore un quartier médiéval où sont réunis de nombreux temples aux riches sculptures.



Temple Lingaraj (XIè siècle), Bubaneshwar. Contrairement aux autres temples de la vieille ville, celui-ci est encore en pleine activité.



Arche d'entrée du temple Mukteswar (Xè siècle), Bubaneshwar.